Le MOC doute de l'efficacité du parcours
d'intégration obligatoire
Le Mouvement ouvrier chrétien tient à faire part de son profond scepticisme après avoir effectué l'analyse du projet de décret du gouvernement wallon concernant l'intégration des personnes étrangères.
Pour rappel, celui-ci prévoit d'instaurer, en Wallonie, un parcours d'intégration complet obligatoire pour l'ensemble des primo-arrivants.
Pour le MOC, il est illusoire de penser que pareil parcours d'intégration constitue la solution à tous les problèmes d' « intégration ». Il risque surtout de servir d'écran de fumée tant qu'une approche globale et multidimensionnelle des problèmes vécus ou subis par les populations d'origine étrangère n'est pas adoptée. Les discriminations dont souffre ce public sont plus que jamais nombreuses et étroitement imbriquées : discriminations à l'embauche, discriminations pour avoir accès à un logement décent, discriminations scolaires,... L'ensemble de ces inégalités exige des réponses politiques ambitieuses qui font cruellement défaut actuellement. Elles devraient pourtant être prioritaires.
Un autre écueil du parcours d'intégration tel qu'il a été présenté par le gouvernement wallon concerne les moyens accordés pour mettre en place le dispositif. Si l'on peut se réjouir que des moyens soient dégagés dans le cadre d'une meilleure politique d'intégration, les 5,7 millions supplémentaires budgétisés semblent très légers au regard des besoins que nécessiterait la mise en place de l'intégralité du parcours. A titre de comparaison, la Flandre consacre, elle, 80 millions pour un parcours similaire. Clairement, dans ce dossier, le gouvernement wallon ne se donne pas les moyens de ses ambitions. A moins que ce projet de décret ne soit qu'une simple opération de communication politique ?
Par ailleurs, la question des moyens est d'autant plus préoccupante que d'autres publics précarisés sont aujourd'hui, par exemple, en attente de formation. Il serait particulièrement inopportun, faute de moyens supplémentaires suffisants, d'introduire une concurrence malsaine entre les publics qui ont besoin d'aide.
Se pose ensuite la question des sanctions. Il n'est en effet pas cohérent d'envisager des sanctions si les moyens budgétaires sont insuffisants pour permettre à tous les primo-arrivants d'avoir accès au parcours d'intégration complet. De plus, le MOC ne peut cautionner une politique stigmatisante qui imposerait des sanctions disproportionnées aux primo-arrivants. A ce titre, la réduction des allocations en provenance des CPAS nous semblerait particulièrement inique. En outre, le MOC craint que les associations d'éducation permanente soient contraintes par le législateur à contrôler le public qui vient suivre les formations qu'elles dispensent. Il est hors de question que ces organismes deviennent des agents délateurs, bien loin de la philosophie qui sous-tend leur action émancipatrice.
En conclusion, le parcours d'intégration doit s'envisager avant tout comme une démarche positive dans le cadre d'une politique d'accueil et non comme un dispositif coercitif empreint de méfiance. Comme le souligne l'exposé du dossier rédigé par le gouvernement wallon, « la qualité de l'accompagnement de l'intégration des personnes étrangères sur notre territoire est un révélateur de la volonté politique d'une société ouverte sur les autres mais aussi garante de sa cohésion sociale. » Le MOC demande donc au gouvernement wallon de changer de cap et de ne pas laisser cette logique de sanction s'immiscer dans le projet de décret. C'est dans ce sens que le MOC souhaite peser dans les discussions futures qui entoureront l'application de ce parcours d'intégration.
Christian KUNSCH,
Président du MOC.
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